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  • Photo du rédacteurClara BL

Une guépard apprivoisée

Imaginez : Une guépard dressée à vouloir un lapin en peluche rose avec son meilleur ami le labrador. Une guépard derrière les grilles du zoo. Une guépard qui a oublié ce que c’est d’être sauvage. Une guépard qui se nourrit des steaks lancés par les soigneurs. Une guépard qui est une distraction pour les visiteurs du zoo. Une guépard gentille. Pas dangereuse. Plus sauvage. Plus elle-même. Même si par instant elle entend en elle l’écho d’une vie qui l’appelle, qu’elle ne connaît pas. Même si dans ces moments, elle a l’air à nouveau dangereuse, sauvage. Et peut-être qu’elle se demande : « C’est pas censé être plus beau que ça ? », avant de retourner à son steak en se disant qu’elle a dû rêver.

Ça vous fait quoi ?


Cette image, c’est l’image qu’utilise Glennon Doyle dans son livre Untamed, et dont elle parle dans le podcast DE OUF Unlocking Us de Brené Brown. Ça vaut vraiment le coup d’être écouté.


On est toutes (et tous) des guépards apprivoisés.


Enfant, on est pas complètement apprivoisés, et parfois le rêve s’échappe de nos bouches. C’est pour ça peut-être que leurs questions et leurs mots nous mettent parfois mal à l’aise, tellement d’innocence, tellement de naturel. Sauvage.

Je me souviens, un jour en rentrant de l’école, dans la voiture rouge de mon papa, mes sœurs et moi jouions à s’interviewer. Oui, oui, normal ! #chacunsesjeux À une question qui m’échappe, j’ai répondu avec tout l’aplomb d’une guépard qui n’a aucun doute sur elle-même quelque chose comme : « Je ne ferais pas comme mes parents, je vivrais mes rêves. » Je voulais cette vie, immense et belle que je pouvais imaginer avec mes yeux d’enfant. Je n’avais pas complètement désappris encore.


Immédiatement après, je me rappelle très bien l’impression d’avoir été trop grande, l’impression d’avoir trop dit, de trop vouloir, l’impression d’appuyer là où ça fait mal chez les autres, sur une chose qu’ils préfèrent se convaincre qu’ils ont oublié. Alors, j’ai arrêté, et je n’ai plus redit des choses comme ça. J’ai commencé à être apprivoisée.

Aujourd’hui, je désapprends enfin.


Parfois, je m’en veux de vouloir autre chose que ce qu’on me propose, de savoir, de sentir, que c’est supposé être aussi beau que je l’imagine, et que je le vois de plus en plus clairement. Parfois, je sais que j’appuie où ça fait mal chez les autres, comme une enfant qui rappelle à ses parents leurs renoncements, les questions qu’ils ne se sont pas posées parce qu’ils ont accepté d’être apprivoisés. Parce que « c’est comme ça, c’est normal. » Rien n’est comme ça, rien n’est normal. Ces choses sont apprises. Je me désapprivoise. Je redeviens moi-même. Plus sauvage. Plus dangereuse. Plus libre. Plus belle.


Je fais peur parfois. Je mets mal à l’aise parfois. Je sais que j’éloigne ces autres qui ne préfèrent pas voir le sauvage qui vit en eux. Mais, je sais, que de plus en plus, je suis vue pour qui je suis, je deviens qui je suis. Je suis dans la savane entourée de tous les animaux sauvages, simplement eux-mêmes, qui se désapprivoisent à mes côtés.


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