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  • Photo du rédacteurClara BL

Quand Google Maps te mène en bateau, une métaphore


TW : Relation toxique, violence psychologique

Si c’est un sujet sensible pour vous, vous voudrez peut-être vous préserver.


Je commence un accompagnement au sein d’une association pour les femmes victimes de violences domestiques (contrairement à l’image que j’en avais la violence domestique n’inclut pas seulement la violence physique, mais aussi la violence psychologique, sexuelle, financière, émotionnelle et les comportements contrôlants, ensembles ou séparés) et mes questionnements sur la légitimité de ma présence dans cette association ont fait naître le besoin de répondre à certaines questions, et j’avais envie de vous partager mes découvertes, dans l’espoir que ça puisse servir à celleux qui en ont besoin.


Ma question principale était : Qui j’étais quand j’ai commencé cette relation ?

Et donc, est-ce que j’étais vraiment aussi incapable de communiquer que j’ai été amenée à le croire ? Est-ce que mes émotions ont toujours été aussi intenses et difficiles à gérer ? Est-ce qu’avec le recul, j’ai « fais des histoires pour rien » ? Est-ce que j’ai toujours été aussi confuse ? Est-ce que j’étais vraiment incapable de prendre soin de moi ? Est-ce que je culpabilisais la personne en face de moi ? Etc., etc.


Short answer : non.


C’était difficile pour moi de communiquer, oui, mais je le faisais. J’ai toujours été hypersensible, mais j’avais déjà un certain recul sur mes émotions et je commençais l’apprentissage de les gérer. J’étais capable de dire non, de passer du temps seule, de faire des choses pour moi, même si ça pouvait être difficile. J’apprenais et je faisais les efforts nécessaires.


Ce que je vois par contre quand je lis ce que j’ai écrit à ce moment-là c’est de la manipulation.


Un peu comme quand tu essaies de rentrer chez toi en utilisant Google Map, mais qu’il ne trouve pas ta position alors au lieu de te dire qu’il ne sait pas, il change ton emplacement toutes les 5 minutes.


À un moment, tu es pas loin du British Museum et tu vas vers le Nord, donc tu continues ta route avec cette information. Et 500 mètres plus loin, tu es deux rues plus bas dans la direction opposée. Ça peut paraître idiot, mais quand tu pars du principe que Maps te donne les bonnes informations, même si tu te dis qu’il y a quelque chose d’étrange, ça peut prendre plusieurs répétitions avant que tu te dises qu’il y a vraiment anguille sous roche.


Après plusieurs fois donc, tu te dis que tu vas vérifier la corrélation entre la réalité et la carte. Malheureusement, certains noms de rue ne sont pas indiqués sur la carte, donc tu ne peux pas toujours vérifier immédiatement. Tu continues un peu à l’aveugle jusqu’à trouver un nom de rue que tu puisses vraiment comparer. Ça prend de l’énergie que tu ne t’attendais pas forcément à devoir mettre quand Maps est censé te faciliter la vie.


Le problème dans une relation toxique, c’est que si au début tu as la carte, quand on commence à sentir que tu as des doutes, on te l’enlève très rapidement des mains, avant que tu puisses comparer la réalité et ce qu’on te raconte. Et, ça devient de plus en plus énergivore de vérifier les données au fur et à mesure qu’on te donne des informations contradictoires.


Et ce que j’ai lu, c’est un jour tout va bien, on va dans une direction, et deux jours plus tard, la direction à complètement changée, sans raison apparente (mon explication générale était : j’oublie à quel point il ne va pas bien lol). Tout ça saupoudré de piques sur ton sens de l’orientation défaillant #CestSurSansCarte #CettemétaphoreDeLaCarteFonctionneAMerveille ou ton incapacité à voir des choses pourtant évidentes, d’un peu de victimisation, d’infantilisation et de distance. Et le tour est joué.


J’écrivais comme je me sentais toujours surprise (et que je me demandais si je n’avais pas un problème bien sûr) et pas en sécurité. C’est facile de le voir aujourd’hui, parce que j’ai beaucoup plus de données. Je sais des choses que je ne savais pas à ce moment-là, j’ai vu des schémas se répéter. Enfin, je l’ai lu parce que si je ne l’avais pas lu, je ne l’aurais pas vraiment vu non plus. Une grande partie de mes souvenirs de cette période reste très floue.


Je n’ai pas été très loin dans l’exploration, mais ce que j’en retire pour le moment, c’est :

  • Ce n’est pas normal de se sentir constamment surpris. Oui, on découvre une nouvelle personne, par contre la direction de la relation, la façon dont on est traités, les mots qui sont dits, et les actions posées sont cohérents.

  • Ce n’est pas normal que le mal-être de l’autre soit la seule explication des changements de direction constants.

  • Ce n’est pas normal d’être critiqué. e à répétition, même sous forme de blagues.

  • Ce n’est pas normal de se sentir en danger (même s’il n’y a apparemment aucune raison, notre corps sait !)

  • Ce n’est pas normal qu’une relation tourne autour d’une seule personne, de ses besoins, de son humeur, de ses envies, de ses difficultés, etc.

  • Ce n’est pas normal que quelqu’un s’énerve, se moque ou soit indifférent ou méprisant quand on montre des émotions ou qu’on lui partage nos ressentis, impressions et besoins.

  • Ce n’est pas normal que quelqu’un te cache des informations (implicitement ou explicitement) ou t’empêche de faire quelque chose pour « ta protection ».

  • Ce n’est pas normal d’avoir la sensation d’être la seule personne à se montrer vulnérable et à être honnête

Ce que j’en retiens aussi c’est que ce n’était pas de ma faute. Je suis assez impressionnée de voir que j’étais très claire au début de cette relation, que j’avais des projets, de l’indépendance et que j’avais un certain recul. Je lis aussi que je ne me connaissais pas très bien et que j’étais encore en découverte de moi. Je sais aussi que je n’avais pas de modèle de relation sain.


La méconnaissance de soi, l’incapacité à écouter et interpréter ses ressentis, et donc le manque de confiance en soi associés à l’absence de repères relationnels c’est quand même assez idéal pour ce genre de relation. Ça me fait chier d’écrire ça, je vais pas vous le cacher, j’ai l’impression d’être un stéréotype sur pattes. Mais si je peux être un stéréotype sur pattes pour vous éviter de l’être, that's fine.


J’ai dû apprendre à me faire confiance, à m’écouter, à me connaître et à me valider, et c’est un chemin sur lequel je peux vous accompagner, en atelier ou en individuel.

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