top of page
  • Photo du rédacteurClara BL

Micro-agressions

J’ai réalisé récemment en discutant avec ma chère et irremplaçable coloc pourquoi dans les circonstances où je veux défendre des idées qui me sont importantes, j’en suis physiquement incapable. Ça a commencé par moi qui réponds à un post Instagram qui m’a beaucoup choqué, je le fais rarement, mais ça m’arrive plus souvent ces derniers temps notamment sur le thème de l’antiracisme. J’ai reçu une réponse à mon commentaire, tout à fait polie, tout comme mon commentaire. Et sans aucune raison — apparente —, j’ai commencé à avoir ce qui ressemble à un début de crise de panique mélangée à une envie de pleurer assez intense. Et puis après, plus rien. Freeze.


J’avais déjà noté ces réactions chez moi. Dans des conversations anodines où je vois des gens qui ne sont pas d’accord. Quand on me dit certaines choses, dont je n’ai pas encore tout à fait saisi le point commun. Quand quelqu’un est en colère de manière générale. En lisant certaines choses sur les réseaux sociaux. J’avais déjà vu à quel point, à part en de rares occasions, je perds mes moyens quand il s’agit de partager quelque chose.


C’est en discutant de ce commentaire que j’ai réalisé, quand Caro m’a montré les insultes et les micro-agressions, les tentatives de discrédits, l’infantilisation, etc., etc. J’ai eu un choc. Violent. J’ai dû m’asseoir pendant que la réalité se réarrangeait à l’intérieur de moi. Et j’ai enfin compris le mode « freeze » activé dans toutes les situations. Depuis toujours, j’ai été victime de ces micro-agressions, ces mots qui atteignent le cœur sans même passer par la conscience. J’ai internalisé que j’avais tort, que j’étais un problème, pas mes mots, pas mes actes, pas mes questions, moi en tant que personnes. On m’a appris comme le chien de Pavlov que de mes intuitions, mes questions et mes désaccords résultaient la douleur. Si je réalise que j’ai pu, plus jeune, être la porte-parole des choses importantes pour le groupe, j’ai très vite arrêté. Micro-agressions. Douleur constante. #Hypersensible


J’ai vécu ça d’abord à l’école par des personnes qui sont censées m’accompagner à savoir. # moiprof #toutsexplique Puis de plus en plus souvent et de plus en plus proche. Des connaissances, puis des « amis ». Jusqu’à ce que je trouve quelqu’un qui me « prouve » constamment que j’ai tort. 6 ans en mode « Freeze ». 6 ans de crise d’angoisse. C’était très difficile de faire confiance ces dernières années (et encore aujourd’hui, soyons honnêtes !) avec mon système en état d’alerte constant. Je suis infiniment reconnaissante d’avoir rencontré ma merveilleuse @Math_slgnc. On s’est reconnue toutes les deux avec nos idées de bisounours et nos incompréhensions. Tu as été ma protection alors que mon système était déréglé. Merci.


Il m’est arrivé de rares fois de me défendre, lorsque la colère avait dépassé la paralysie. Mais en général, le « j’ai sûrement tort », la solitude et la douleur arrivaient bien avant que la colère ai atteint un niveau suffisant pour me permettre de sortir du mode « freeze ». Parce que très souvent, les agressions sont insidieuses, tellement invisibles que quand on en est victime on est juste paralysé, sans savoir pourquoi. Encore plus quand on est hypersensible.


Le pire, c’est qu’on en vient à utiliser contre les autres, même ceux qui nous sont proches, ce qui a été utilisé contre nous. Tout le monde le fait, souvent (j’espère) sans intention malveillante. Je l’ai fait aussi même si j’ai toujours eu l’impression qu’il y avait un problème avec ça, quelque chose qui me faisait du mal alors même que je cherchais à me protéger.

Parfois quand on se sent en danger, c’est comme si c’était la seule issue. Blesser avant d’être annihilé.


Et on entretient un cercle vicieux. On ne sait pas ce qui ne va pas, ni vraiment quand on le fait, ni quand on en est la cible. C’est dangereux parce qu’on ne sait pas à quoi dire stop et qu’on est convaincu que nous sommes le problème. Et même si on adhère à l’idée que « nous sommes le problème », notre corps ne nous dit pas moins qu’il y a danger et blessure. Même si on ne sait pas pourquoi. C’est la roulette russe en permanence. On te dit que tu exagères, que ta réaction est disproportionnée. — je pose une idée là : Quand on pleure devant des vidéos de bébés chats, on peut peut-être commencer par redéfinir ce qui est exagéré ou non.


On se pose mille questions sans même en avoir conscience : D’où viendra le prochain coup? D’un étranger ? De la personne la plus proche de moi ? Est-ce que c’est moi qui fais toute une histoire ? Est-ce que je vais avoir l’espace de sentir puis d’exprimer ce qui se passe ? Est-ce que c’est trop ? Mais si je le ressens, c’est que c’est vrai, non ? Est-ce que si j’exprime quelque chose je vais me prendre une couche de douleur supplémentaire dans la figure ? Qu’est-ce qui est « normal » d’exprimer ou non ? Tu ne peux jamais savoir. Tu es confus en permanence. Ça en devient impossible de faire confiance, aux autres et à toi. Tu ne peux pas te protéger. État d’alerte permanent.


On t’apprend à ne plus faire confiance à ton corps et à ses réactions. Tu apprends qu’elles sont dérangeantes et tu perds le système qui te tient en sécurité. Il devient tout déréglé. Soit à être déclenché tout le temps, soit à ne plus t’alerter de rien. Et c’est un désapprentissage de lui apprendre ce qui est un danger ou non, puis lui faire confiance à nouveau. Maintenant qu’il connaît un peu mieux ce dont il doit se défendre, j’ai espoir que mon système deviendra plus fiable avec le temps. Et peut-être que finalement j’arriverais à aimer mon hypersensibilité. #lespoirfaitvivre

C’est un travail. De voir ces choses chez nous et chez les autres. De lutter contre, chez nous, et chez les autres. D’être vraiment présent et de réagir quand ça arrive. Je n’en suis pas encore là. Mais bientôt j’espère.


On est nombreux dans cet état de figement, de choc, de crise d’angoisse permanente. Je crois que c’est pour ça que les choses bougent seulement maintenant et parfois dans la violence. Il faut une sacrée dose de colère, de choc ou de soutien pour sortir de cet état de stupeur permanent où l’on se trouve quand on nous dit en permanence que ce que l’on ressent est faux et que l’on est problématique en tant que personne. Je crois que c’est le signe qu’il y a de l’espoir.

8 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page